La Croix n’est pas qu’une histoire de souffrance. Elle est aussi, et peut-être surtout, une noce. Pour cette raison, la joie qu’elle annonce ne lui vient pas comme de l’extérieur ; non, elle la contient en elle, comme une graine, comme un enfant à naître…

La côte ouverte en croix

Des noces certes particulières où l’époux ne fait pas que prendre l’épouse mais l’engendre. L’Église, l’épouse, naît du côté ouvert de l’époux en croix, disent les théologiens, à la suite d’un de leurs ancêtres du 4e siècle, un certain Jean qui avait la réputation d’avoir une bouche en or. D’une part, parce que ce côté ouvert laisse couler de l’eau et du sang, symboles des deux grands sacrements : le baptême qui engendre l’Église et l’eucharistie qui la nourrit.

D’autre part, Jean qui rapporte ce jaillissement, ouvre son évangile (comme Marc) de la même manière que la Genèse : Au commencement… Or, au commencement, Dieu créa Adam, l’endormit, lui ouvrit les côtes, en tira une et en fit ce qu’on n’ait jamais fait de plus beau d’une côte : la Femme, la mère des vivants. L’opération se répète sous la Croix : de la côte du Christ, nouvel Adam, naît celle qui engendre non plus de la chair, mais de l’Esprit (Jn 3,5/1Jn 5,8).

Fécondité du bois planté en terre

En outre, à la Croix se tiennent Jean et Marie, confiés l’un à l’autre. Ce n’est pas que Marie étant veuve, Jésus lui cherchait un toit (les dernières années, il était en vadrouille et elle savait sûrement faire sans lui). Dans la phrase Femme, voici ton fils, il est surtout annoncée une grosse nouvelle : Oyez, bonnes gens, la femme qui vient elle-même d’être engendrée est déjà devenue mère. Il a à peine rendu l’Esprit, que la fécondité de la Croix a déjà commencé, ce bois sec planté en terre bourgeonne déjà!

Naissance de l’épouse

Enfin, la croix était censée disperser les disciples. “Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées” (Mt 26,31). Et l’objectif semble atteint : les 12 sont clairement en débandade. Or… le soir même, quelques-uns, d’ailleurs inconnus au bataillon, ont le courage d’aller réclamer à Pilate le corps du Christ : le corps disloqué est recueilli et autour de lui, même de façon éphémère, l’Église est rassemblée, naissante.

Bref, l’Église ne naît pas seulement à Pentecôte. Mais chaque fois qu’un ou deux, ô Bon Samaritain!, s’arrêtent devant un corps brisé, pour engendrer, de nouveau, à la vie. C’est ainsi que des cendres naît du feu. Voilà la joie que porte et promet les noces de la Croix. Heureux les invités!

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