Les chrétiens sont trop prompts à « sauter » sur la joie de Pâques. Les évangiles qui racontent l’événement, pour leur part, sont souvent très sobres. L’essentiel pour eux, c’est la croix, la Passion. C’est à elle qu’ils accordent le plus de place. On a même pu dire que les évangiles, c’est la Passion précédée d’une très longue introduction (la vie de Jésus). Ce n’est pas Pâques mais la Croix qui permet de voir le monde, de le lire, d’y ajuster son action… et après, d’espérer (ou pas), voir la résurrection au bout.

des drames d’amitiés

Jésus est condamné à mort, trahi par le baiser d’un ami. En cette nuit paisible où tout dort, on trame un coup où l’ami périt. « Bouche mielleuse » est de tous les temps : son sourire est une arme acérée. Au fil de l’épée que d’innocents, victimes de drames tramées d’amitiés.

la tentation des démissions

Devant l’injustice est-ce silence, de prendre sa croix et marcher, d’offrir un regard et la patience au bourreau qui peut toujours changer ? Les faibles ne font plus cette guerre. Leurs combats sont perdus d’avance, leur silence est une lancinante prière. Monte-t-elle vers toi qui les devance ? Ils se fatiguent, achoppent et tombent, comme toi sous le soleil vers le Golgotha. Mais parfois pour eux c’est la tombe : pourquoi se relever pour les mêmes combats ?

Toi, tu te relèves et poursuis la route. La bataille n’est-elle donc pas perdue ? Une lumière semée dans le doute ? N’est-il pas mieux faire la tortue ? Et épargner à ceux qu’on aime, la douleur des perles de larmes ? Plutôt que de mettre en scène le destin même qu’ils affronteront sans armes ?

croix sur fond doré

le jeu des compassions

Ta mère à ton devant venant, le cœur transpercé d’affliction, sont-ce les croix allant se multipliant ou diminuant grâce à la compassion ? Simon ouvre grande sa vie, pour un fardeau qui n’est pas sien. Un bout du chemin avec lui, avoue combien c’était bien ! Que de cœurs soulagés par un sourire offert par un visage inconnu ! Ton combat appelle à un avenir où nul ne peine seul mains nues ?

Ton visage sali d’immondices me rappelle l’enfant au milieu des ruines, crevé de faim, victime des caprices d’adultes. Véronique ne peut-elle plus rien ? Braver cette horde d’individus à la merci des démagogies, pour un geste des habitudes décousu, sera-ce jamais au faîte de nos idéologies ?

l’épuisement des combats

Et voilà que tu tombes à nouveau, assourdi par le bruit d’un abandon. Et cette qui croix t’écrase de haut, comme en châtiment à un larron. C’est la chanson de nos échecs récurrents qui vont et reviennent à la boomerang et nous laissent à plat vidés de vie, de sang, sans plus de force pour tenir dans le rang. Mais tu te lèves à nouveau saperlipopette, et t’en vas debout à nos devants. Où nous n’en pouvons souvent plus, es-tu là qui nous fait signe vers l’avant ?

Ton histoire arrache des larmes, à ces mamans aux entrailles remuées. Où trouves-tu encore tout ce calme pour consoler et ramener à la vérité ? Trouverai-je jamais assez de lueur quand la vie se retourne contre moi, la force de regarder avec autant de cœur, le frère perdu qui aussi n’y croit plus ?

Croix, montagne, coucher de soleil

et ces affaires de rechute

Et voilà, troisième chute et rechute : c’est vrai la vie n’est pas un cinéma. N’épargnent personne les âpretés du terrain. Peu osent encore se relever comme toi. Ils restent à terre où sa rigueur les à mis et appellent la mort qui souvent ne vient. Donne-leur ta force, le sel de ta vie ; offre le bras quand le naufrage survient.

Au pied de cette lugubre colline aux crânes, macabre scène de tes bourreaux livides, te dépouillant de tes vêtements sans âme, et s’y donnent à cœur impavide. Beaucoup de pauvres comme toi, se voient voler leur pain, leur vie, par des gens qui en ont trop déjà et qui sur les autres pissent tant pis.

et leurs doutes

La vie en toi malmenée jusqu’au bout te lâche sous les sarcasmes et autres moqueries, sans compter le supplice amer des clous enfoncés par des soldats qui se feront payer. Ta mort me rappelle d’autres morts : douleurs, pleurs, sépulture. Vois-tu la masse des sans réconfort qui paient des sorts parfois plus durs ? Quand je les vois comme toi au poteau ou aller vers la tombe sans espoir, je sens l’heure de dire mon credo.

et la foi

Car sans cette aurore, tout m’est noir. Mais j’y retrouve le matin du troisième jour : la vie qui a toujours le dernier mot. Rappelle-nous qu’elle est histoire d’amour quand nos croix nous la mettent à zéro. Viens à nous quand vient le soir. Montre le chemin qui fut ta passion. Soutiens nos échecs et revers noirs : mets-y le goût de ta résurrection.

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1 Comment

  1. Beaucoup de rimes, tel un doux chant pour décrire le chemin de la croix. Ce n’est pas la méditation de Pâques que j’espèrais mais je rends grâce pour ce texte que j’ai découvert et que je m’en vais méditer. A nous retrouver le week-end prochain. Joyeuse octave Pascal à vous Padre.

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