– Mc 13,8

La plus simple approche du temps de l’avent est la suivante : c’est le temps de la grossesse de Marie et le moment où l’on s’attache à ce qui est le plus important dans une grossesse : l’attente. Grossesse et attente, voilà les deux dimensions clés du temps de l’avent, la première destinée à nous enseigner la seconde. Car, tout le monde le sait, les hommes ne savent pas attendre – et ceci, bien que leurs vies soient tissées d’attentes, d’espoirs, d’aspirations, de promesses, de désirs – ils ne savent pas attendre. Regardez-les dans une salle d’attente, à la queue dans une file, à la colère pour un vol qui tarde, à l’impatience devant une pandémie qui se joue d’eux. Attendre, ils ne savent pas. Ils attendent toujours quelque chose et ce quelque chose a toujours plus d’importance que l’attente elle-même. Et, dans la mesure où chaque minute d’attente supplémentaire éloigne de l’objet attendu… Ils savent seulement attendre, ce qui mettra fin à l’attente.

Or, de bout en bout, l’histoire de Dieu avec eux est une affaire d’attente. Les millénaires qui, avant Jésus Christ, ont traversé le silence des nuits du monde, n’étaient selon les chrétiens qu’une longue attente, une insatiable espérance, un désir tendu vers sa naissance. Mais qu’est-il advenu depuis lors? Eh bien, l’attente a repris de plus belle et dure déjà 2000ans, tendu vers son retour. En faudrait-il davantage pour montrer que la vie (chrétienne) consiste aussi à accueillir l’attente pour elle-même et à voir les grâces qu’elle peut apporter? C’est au moins cela que dit l’image de la grossesse (mais aussi de l’arbre, le figuier, l’autre image de l’avent – voir Mc 13, aussi Mt 24, Lc 21). La grossesse est une expérience qui oblige à attendre. Il n’est pas bon, n’est-ce pas, que l’enfant naisse trop tôt. Et même après sa naissance, il faut savoir attendre : ce n’est pas en l’étirant en longueur tous les matins qu’on le fera grandir plus vite. Dans les pays où, en avent, la nuit dure plus longtemps que le jour, il est de tradition d’allumer une bougie par dimanche. Pourtant, aussi noir qu’il fasse, il ne vient à l’esprit de personne d’allumer les 4 bougies dès le 1er dimanche.

Attendre. Aimer l’attente pour elle-même et scruter ce qu’elle enseigne. Habiter pleinement l’entre-deux du temps. Sans devoir prier tous les matins pour que l’attente s’arrête. Pourquoi? Parce que le temps de l’homme est celle d’une joie imparfaite: l’enfant déjà dans le sein, présent vivant (le père, bien constitué, se saoule quand sa femme lui annonce être enceinte! et qui oserait dire à la mère d’un enfant mort-né que ce n’était rien?) Joie pas encore là, encore à naître, toujours à attendre et pourtant déjà là. Attendre, cela veut donc dire: ne pas attendre de voir l’accomplissement et la plénitude avant de se réjouir. La joie est possible, même imparfaite. Ce n’est peut-être pas pour rien qu’au 3e dimanche, on chante Réjouissez-vous, alors qu’il n’est pas né le divin enfant.

attente et grossesse
Tags:

6 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *