On connaît la parabole dite “de l’enfant prodigue”. J’ai toujours pensé qu’un meilleur titre aurait été “parabole des enfants gâtés”.
Trois formes de gâtisme
Que voulez-vous, Dieu a beau être un père bon, il doit s’accommoder de fils qui ne lui ressemblent pas, des enfants gâtés de diverses variétés : (1) celui qui dit Dieu est mort (réclamer l’héritage du vivant du père, c’est lui signifier sa mort, n’est-ce pas ?) ; (2) celui qui ne sait pas dire merci parce qu’il croit que tout lui revient de droit (on ne dit pas merci pour un droit mais pour une faveur, n’est-ce pas ?) ; (3) l’aîné boudeur qui non seulement ne dit pas merci mais croit – et c’est pire – que c’est à Dieu de lui dire merci pour tout ce qu’il fait et (aussi!) pour ses beaux yeux.
Rééducation de l’enfant gâté
En voilà, des façons d’être enfants gâtés. Et cela, c’est l’enfant “prodigue” qui finit par le comprendre, quand, au beau milieu du pétrin, à moitié étouffé par la bouse des porcs, il fait son speech intérieur : « je dirai à mon père : je ne mérite plus d’être appelé ton fils. » Et commence pour lui le chemin qui va du mérite au merci: il est presque recréé. Il comprend qu’il ne méritait pas l’héritage et, chose curieuse, c’est à ce moment précis que le Père le combe de tout. Il comprend n’avoir pas de droit sur son père (il en a moins que les serviteurs et même… les porcs), et se voit accorder tous les droits, même ceux qu’il avait perdus.
Du mérite à la mercite
On m’a rapporté ce qu’il a dit à son Père à la fin de la journée (oui, oui) : il lui a dit Merci, un mot qu’il avait oublié depuis longtemps. Il redécouvrait un tout autre monde, un nouveau style de vie qui s’appelle eucharistie, reconnaissance, gratitude ou simplement… la foi. Ainsi, le moyen de guérir du gâtisme du mérite, c’est peut-être d’attraper la mercite. C’est un virus qui déconfine d’un égo trop à l’étroit et ouvre à des libertés inouïes. Quoi ? Non, ça n’a rien à voir avec Didier Raoult.