Scoop :  le tombeau du Christ n’était pas vide. S’y trouvaient, au moins, le suaire et des anges de passage. En revanche, pour sûr, il était ouvert.

Des hommes et des tombeaux

Or les tombeaux ouverts font fuir : on s’en éloigne en se pinçant le nez. Le tombeau du Christ, lui, ouvert, attire du monde, et des milliards depuis 2mil ans. Miracle de résurrection!

Les hommes soignent autant leurs apparences pour une raison qu’ils savent: à l’intérieur, ça sent mauvais. Que d’artifices culturels pour masquer ces odeurs réels ou symboliques! Jésus désignait cela d’une belle métaphore : les hommes et leurs cultures sont des tombeaux blanchis. Picco-bello à l’extérieur, mais l’intérieur… (Mt 23,27).

Ces morts qu’on cache

Les plus célèbres monuments des puissances politiques sont des tombes: pyramides, mausolées d’Ataturk ou de Qin, Taj Mahal, panthéons. Embellies de l’extérieur, elles cachent la puanteur des guerres glorieuses, des cadavres d’ »ennemis » écrasés pour les rendre possibles. Toute ville splendide cache ses bidonvilles. Toute économie florissante cache ses esclaves: les magasins brillent aux Champs-Elysées mais en dessous, comme des cadavres dans une tombe, il y a les femmes sous-payées d’Éthiopie ou du Bangladesh et les enfants qui meurent dans les mines au Congo.

Cet intérieur qui sent mauvais, les hommes n’aiment pas le regarder en face. A la résurrection de Lazare, Jésus les y oblige. L’essentiel dans ce miracle (Jn 11), en effet, n’est pas le réveil d’un mort, mais l’odeur. Jésus fait exprès d’arriver quand Lazare pourrit déjà et Marthe le dissuade de leur faire subir cette horreur. Certains peintres, justement, dessinent l’assistance qui se pince le nez.

Le new deal: un tombeau ouvert

Et Jésus profite juste après pour indiquer à quoi ressemblera son propre tombeau : une femme l’embaume d’un parfum d’exception, en signe d’ensevelissement (Jn 12). Son tombeau sera donc de myrrhe, d’une odeur qui attire. Mauvaise odeur contre bonne odeur, dans cette double-scène s’annonce déjà le matin de Pâques : la pierre roulée, le tombeau ouvert qui, au lieu de faire fuir désormais attire du monde.

Le Ressuscité s’est d’abord laissé défigurer à la croix : pour lui, nul besoin de faire payer aux autres le prix des apparences. Se trouve là une invitation à bâtir une nouvelle culture fondée non plus sur des tombeaux fermés et blanchis, mais ouverts avec les ossements qui revivent (Ez 37).

Comme les femmes au matin de Pâques, la tâche des témoins du Ressuscité est d’ouvrir ces tombes symboliques et d’embaumer le corps de leurs victimes. A juste titre, elles s’inquiètent d’ailleurs que personne ne veuille leur ouvrir le tombeau (Mc 16,3). Oserons-nous? Je pense, soudain, à Téresa. Qui les ouvrit et parfuma Calcutta. On se demande pourquoi j’aime cette femme!

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