Saviez-vous pourquoi la bure des moines a une manche tellement longue qu’elle couvre et déborde largement les mains ? — D’accord, mais non : ce n’est pas un style has-been. Il semble, qu’entre autres explications, cela ait à faire avec… le figuier.
De l’arbre…
Cet arbre pose tellement d’énigmes : Jésus dit à Nathanaël qu’il l’a vu sous un figuier et hop, le sceptique de la minute d’avant devient disciple convaincu de la minute d’après (Jn 1). Et puis, il y a la parabole de ce figuier planté dans une vigne qui ne porte aucun fruit et que le propriétaire veut dégager de là. Il se fait alors prier de prendre patience, pour voir si, en arrosant et en bêchant, l’an suivant lui donnerait quelque chance de porte du fruit (Lc 13). Mais il y a surtout l’épisode où Jésus maudit un figuier de façon si gratuite qu’on ne comprend pas (Mc 11).
La première apparition du figuier dans la Bible est à cet égard significative : Adam & Ève viennent de croquer dans la pomme et … ils découvrent qu’ils sont nus. Alors, « ils attachèrent les unes aux autres des feuilles de figuier et ils s’en firent des pagnes » (Gn 3,7). Sur les sculptures ou dans la peinture, ils sont recouverts de feuilles de vigne ; mais dans le texte, c’est de figuier qu’il s’agit.
… au vêtement
Et voici donc le problème : vu qu’ils se découvrent « nus », dit le théologien allemand Erik Peterson, il faut supposer qu’Adam & Ève n’étaient pas sans vêtement dans l’état paradisiaque, même s’il ne s’agissait pas d’un vêtement physique. Avec la perte de ce vêtement de gloire « fait des mains de Dieu » (Dieu crée tous les êtres par sa parole, mais façonne l’homme par ses mains), l’homme se fabrique de ses propres mains, un autre vêtement “de gloire”.
De là, le figuier symbolise cette gloire que l’homme se donne lui-même quand il a refusé ou perdu la gloire que Dieu lui donne. Le figuier apparaît ainsi comme le symbole de l’orgueil des loosers. Il est le symbole de la rébellion de l’homme qui, s’estimant abandonné de Dieu, jure de s’en sortir sans lui.
Or, du point de vue biblique, un tel effort est toujours stérile. (Peterson dit que cela pourrait expliquer pourquoi la mode — ce que l’homme fait de plus raffiné de ses mains pour couvrir justement sa nudité — est aussi éphémère et incon(si)stante).
… vers la gloire
Bref, cela veut dire que ce n’est pas vraiment Jésus qui maudit le figuier : par la fonction qu’il prétend assumer, le figuier est maudit. Nathanaël a donc compris qu’il était temps de quitter « son » figuier. Et le moine se couvre les mains de façon exagérée pour la même raison. (Plus tard, les évêques mettront des gants – mais là, on est déjà peut-être dans la mode!).
Le moine refuse de ne rien fabriquer de ses propres mains, de ne jamais avoir symboliquement recours au figuier afin de continuer à recevoir sa gloire de Dieu seul. Cela explique peut-être que, suspendus quelque part entre l’Eden perdu et le monastère idéal, le chrétien soit éternellement partagé entre faire et se laisser faire, qu’il soit toujours si mi-figue mi-raisin.
Merci beaucoup Père pour tant de lumières sur le figuier et du cours sur la parole de Dieu. Je rends grâce au Seigneur pour votre vie. Félicitations pour ce site et pour la maison d’édition. J’ai eu, au sujet du figuier, un partage d’une religieuse qui me disait que le figuier est un arbre qui assure une fraicheur particulière. Et qu’on s’abritait sur le figuier pour lire en toute fraicheur la parole de Dieu. Et que quand Jésus disait à Nathanaël qu’il l’a vu sous le figuier c’est qu’il l’a vu entrait de lire la parole. Ainsi, bien que comme l’eunuque éthiopien, cet israélite en qui Jésus reconnait qu’il n’ y a pas de ruse lisait la parole en chercheur de la Vérité (Dieu) il doit renaître pour trouver enfin la fraicheur du cœur et la Vérité de ce qu’il lisait en la personne de Jésus Christ qui est le chemin, la vérité la vie; lui qui a dit: » la vérité vous rendra libre et il est cette vérité. »
Mon commentaire vous fera rire certainement. Merci à vous et merci à cette sœur ,
Cher Père,
C’est au contraire ce blog et des lecteurs (à commencer par moi) qui sont enrichis de cette interprétation de plus: aucune ne saurait prétendre épuiser la Parole.
Merci donc pour cet prolongement.